J'ai toujours grandi environné de forêt. Loin d'une forêt, j'ai l'impression qu'il me manque quelque chose- c'est mon élément vital naturel, mon oxygène, l'espace naturel au quotidien qui me ressource le plus.
Comme je mets environ vingt minutes à pied pour m'y rendre, que je suis freelance et peux donc convenir de mon temps à ma guise, j'y suis très souvent. Quand l'envie m'en prend, je troque l'appareil photo contre le carnet de croquis et je m'en vais m'oublier une vingtaine de minutes à croquer un arbre, une ambiance, des champignons...
J'aime ces instants où j'oublie tout et où je suis pleinement présente avec mon sujet, à sentir autour de moi l'odeur de l'humus, de la pluie fraîchement tombée, des feuilles humides sous mes fesses ou l'écorce de l'arbre sur lequel je suis assise... passer du temps juste à regarder, contempler, dessiner l'ombre, la lumière, sentir du regard le relief de ce que je dessine me donne l'impression de ressentir plus profondément la forêt encore que si j'y allais simplement pour marcher, marcher, marcher.
Comme si le dessin m'offrait cette connexion particulière.
Le croquis permet d'aiguiser le regard, et vivre deux expériences en simultanée : l'expérience du dessin, et l'expérience physique, de ce que notre corps ressent en dehors du dessin (le froid, la chaleur, les épines, l'écorce, la pluie....) Chaque croquis est accompagné d'un ressenti corporel, et je me rappelle pour chacun dans quelle disposition physique (et psychologique) j'étais.
Château de la Chasse
Version 2 (qui est la plus récente -2023): crayons de couleur en plein été. Je manque de patience pour le crayon de couleur (je préfère l'utiliser en ajout sur de l'aquarelle) mais j'avais envie de tester un croquis entièrement réalisé aux crayons de couleurs et ce jour là il faisait vraiment très très chaud, je n'étais pas super concentrée.
Version 1 (2021): Aquarelle. Je venais d'apprendre une très bonne nouvelle et j'étais toute guillerette, c'est avec une grande joie et une grande espérance dans l'avenir (hum) que j'ai effectué ce croquis.
En forêt, par tous les temps
J'ai dessiné ce hêtre (croquis du dessous) après avoir terminé les illustrations du livre que j'ai illustré "Les Dialogues de Moritz" . Comme le livre parle d'un chat en connexion avec un hêtre et que je voulais fêter la fin du travail d'illustrations, je suis partie en dessiner un. Il pleuvait à moitié et je me suis servie des gouttes qui atterrissaient sur ma page pour les incorporer à l'ambiance générale du croquis. Comme c'est un croquis, tout est permis, même qu'il pleuve dessus.... (je n'ai pas envie d'essayer par contre avec mes illustrations.....même si il leur est arrivé d'être confrontées à d'autres problèmes)
Je ne m'astreins pas à la météo pour aller dessiner (sauf grosses pluies ou orage évidemment) seule la motivation compte!
Par ailleurs je trouve que, pris par le temps (oui bon parce que quand il pleut et que c'est l'automne, ou l'hiver, il fait pas non plus super chaud et ce n'est pas très agréable d'être immobile sous la pluie) on réfléchit moins et on devient plus spontané dans le trait et la mise en couleurs. parce qu'il faut faire vite!
(cette difficulté terrible d'obtenir les vraies couleurs-en réalité le fond n'est pas gris, mais un bleuté, violacé qui tire sur le gris)
Voilà pour mes petits croquis des derniers mois/années.
Alors, ça vous a donné envie d'aller faire un petit tour? (ou de tester le dessin au grand air pour celles et ceux pour qui le dessin leur démange les doigts?)
Marine
(sans oublier le plus important, le carnet de croquis, bien entendu! sinon on peut pas aller bien loin.....)
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