Je n'ai jamais eu l'occasion jusque là, sauf dans les marchés, de présenter ma série "Les Animaux Totems".
Animaux Totem, un hasard joyeux
Tout est parti d'un hasard, comme bien souvent dans la créativité: une chute de papier découpé qui surnageait au milieu d'un océan de chutes de papier découpé sur mon bureau. Et comme c'est du joli papier que j'ai acheté, et qui m'a coûté un peu quand même, je n'avais pas envie que ces chutes finissent à la poubelle.
Cette chute a atterri dans la pagaille ambiante sur une feuille Canson vierge qui traînait elle aussi par là, rescapée de l'ouragan qui vient quotidiennement frapper mon bureau.
-tiens, ça fait une forme jolie.
-C'est même super sympa.
- c'est pas mal ce doré, là... Et si je mettais avec cette autre chute, qui a elle aussi une forme sympa, couleur bleue nuit? .. Mmmh superposée comme ça, voyons voir...?
-Ha oui, c'est bien! Bon maintenant, comment vais-je bien accompagner ces formes tarabiscotées?
Ni une ni deux, me voilà plongeant mon nez dans mes revues fétiches Terre Sauvage et Nat-Images qui regorgent de photographies d'animaux. Allez, cette série de Neil Villard sur les animaux en hiver me plait bien, on est en décembre en plus, c'est parfait....
Ainsi tout a commencé avec ce renne.
Et de fil en aiguille-ou de papier découpé en papier découpé- a surgi l'idée des Animaux Totem.
Continuant à questionner notre rapport au monde sauvage qui disparaît au profit du monde domestiqué et bétonné, j'ai également voulu remettre en lumière cette tradition de l'Animal magie, l'Animal Totem, celui qui permet aux humains de correspondre avec les entités sauvages. La figure de l'animal est de tout temps très présente dans les traditions, à qui l'humain confère une aura mystique. Masque, effigie, illustration, statuettes, peaux... L'animal est un passeur entre l'humain et l'autre. Il a toujours été très présent dans l'art, jusqu'à ce que le sauvage disparaisse de nos vies....



EN VENTE
Avec cette série, j'ai également souhaité mettre en avant des animaux que l'on n'a pas forcément coutume de voir représentés de manière répandue dans l'illustration: le grand tétras ou l'hermine, par exemple.


Le chamois et le corbeau pas à pas

Cette illustration est pour moi la pièce maîtresse de l'année 2023.
L'illustration du chamois et du corbeau m'a donné beaucoup de fil à retordre.
J'avais écrit un texte là-dessus publié sur facebook. J'ai enregistré ma voix, vous pouvez l'écouter avec la vidéo, ou lire le texte dessous.
Parfois des illustrations nous font des noeuds dans les tripes, se dérobent, rechignent à naître, bref nous font des sueurs froides. Le chamois, quasiment terminé (il me reste à peaufiner son beau museau) fut de ces créations. Le début glisse, limpide, facile, ma plume gratte sur le papier, certes les noirs profonds du corbeau (que vous ne voyez pas) et des rubans qui encadrent le chamois sont longues à réaliser, mais c'est méditatif, tout va bien. Il y a ensuite la pose de la poudre de bronze dorée, première utilisation sur une illustration. A ce stade, l'illustration est en noir et blanc uniquement, rehaussée de ce bronze doré. L'illustration reste un certain moment à ce stade posée contre le radiateur, je passe devant tous les jours, avec l'impression qu'il manque quelque chose. De la couleur arrive ensuite, des encres acryliques que je teste. A nouveau l'illustration est mise en dormance, toujours contre le radiateur. un beau jour, je me lance ; je balance de l'encre rouge dans le coin droit en bas de l'illustration et dessine l'ombre du chamois dans cette même teinte. A nouveau, repos. Mais je ne suis pas satisfaite ; je le sens dans mes tripes, elles grognent chaque fois que mes yeux se posent sur mon chamois. Non ce rouge ne me satisfait pas, pas plus que cette éclaboussure rehaussée de doré. L'illustration reste toujours en dormance et mes tripes en protestation. Puis lors d'une balade en en forêt, mon esprit me somme: "bleu vert bleu vert bleu vert". C'est un mantra qui tourne dans ma tête, incessamment. "Bleu vert bleu vert bleu vert". Une fois rentrée de la forêt, je ne prends même pas la peine de reprendre ma respiration, je m'engouffre dans mon substitut d'atelier, je change l'eau des récipients, j'étale du bleu, du vert, du blanc au dos d'un carton et je mélange. Et je peints.
Et là je sens que mes tripes se dénouent. Que mon souffle s'apaise, qu'il trouve son rythme à mesure que la couleur prend vie sur le dessin. Un calme intérieur accompagne les aller et venue de mon pinceau.
Ca y est, je suis apaisée quand je finis la dernière fleur blanche qui figurera en bas à droite de l'illustration.
L'illustration se tient toujours calée contre le sommet du radiateur, et mes tripes ne grognent plus d'insatisfaction quand je passe devant.
Pfiou!!!!
J'espère que ce voyage avec mes Animaux Totem vous aura plu.
Vous pouvez les retrouver sur ma boutique en ligne ou m'envoyer un mail pour l'Hermine et Le Grand Tétras qui n'y sont pas encore.....
Marine
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